La grande faune marine de Méditerranée va être au cœur d’une ambitieuse campagne d’observation qui va se dérouler dans les eaux de presque tous les pays du pourtour méditerranéen, dont la France. L’Agence française pour la biodiversité est un des partenaires-clés de cette campagne qui voit le jour dans le cadre de l’Accord intergouvernemental pour la conservation des cétacés (ACCOBAMS), signé par 24 pays et présidé actuellement par la France. Le lancement officiel a été réalisé le 8 juin à Malaga. Cinq navires, huit avions et une centaine d’observateurs vont se relayer dans cette campagne qui se déroulera de façon simultanée dans les eaux de Méditerranée. Pour la France, les scientifiques de l’observatoire Pelagis (Université de la Rochelle – CNRS) vont effectuer pendant les mois de juin et juillet des survols aériens afin d’observer et recenser les populations de cétacés, oiseaux, tortues et grands poissons. La méthode d’observation et les protocoles sont déjà bien rodés. Les observateurs et l’équipe Pélagis y ont recours depuis dix ans dans le cadre d’autres campagnes d’observations de la grande faune marine, organisées avec l’AFB (et précédemment l’Agence des aires marines protégées) dans les eaux françaises de métropole et des Outre-mer. Le recours aux observations aériennes permet d’établir une image de la répartition de la grande faune du large dans un minimum de temps sur de vastes espaces marins. De telles campagnes, initiés ou soutenues par l’AFB, ont déjà été menées sur l’ensemble des Outre-mer et sur les trois façades maritimes de métropole, parfois en collaboration avec les pays voisins.
Cette campagne à l’échelle de toute la Méditerranée était attendue de longue date compte tenu des enjeux de biodiversité et de protection de la faune marine de cet espace marin. Il est souvent estimé que 10 % de la biodiversité marine mondiale se trouve en Méditerranée. Douze espèces de cétacés tels le grand dauphin, le cachalot et le rorqual commun (le deuxième plus grand animal de la planète après la baleine bleue) sont ainsi présentes dans les eaux de la grande bleue. L’ensemble des données récoltées va permettre aux chercheurs d’estimer la taille des populations des différentes espèces et leur répartition, mais aussi servir aux gestionnaires d’aires marines protégées (dont Pelagos, le sanctuaire international de mammifères marins, les parcs naturels marins de Corse et du golfe du Lion, les parcs nationaux de Port-Cros et des Calanques, les sites Natura 2000 en mer, les réserves naturellesd). Ces données vont aussi permettre d’alimenter les suivis français qu’exigent la mise en œuvre de la Directive-cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM) et la directive-cadre Faune Flore et Habitats. Au-delà, cette campagne constitue un challenge et un projet fédérateur pour les 24 pays de la région dans un contexte géopolitique complexe.